Communiqué de presse
La réponse du Sénat au scandale Abramoff n'est qu'une façade
Lorsque le lobbyiste Jack Abramoff a admis il y a quatre mois avoir tenté de corrompre des membres du Congrès, les membres des deux partis politiques ont promis en grande pompe des propositions de réformes audacieuses pour assainir Washington. Aujourd'hui, le jour même où Abramoff a été condamné à une peine de prison pour une autre affaire, le Sénat a adopté ce que l'on pourrait qualifier de très tiède projet de loi sur la réforme du lobbying et de l'éthique. Cette législation est loin de rétablir la confiance du public dans le Congrès.
« C’est surtout de la poudre aux yeux », a déclaré Chellie Pingree, présidente de Common Cause. « Quand les sénateurs rentreront chez eux et expliqueront à leurs électeurs comment ils ont réagi au scandale Abramoff, je ne pense pas que cela passera le test du sérieux. Cette législation ne va pas changer l’environnement « tout est permis » et « pay-to-play » à Washington, et je ne pense pas non plus qu’elle va beaucoup changer la perception négative que le public a du Congrès. »
Le projet de loi du Sénat renforcerait les exigences de divulgation pour les lobbyistes, mais ne fait rien pour briser le lien entre les lobbyistes et la collecte de fonds de campagne, thème central du scandale Abramoff. Il interdit les cadeaux des lobbyistes, mais pas ceux de leurs employeurs. Il renforce la divulgation des voyages effectués par les membres, mais permet toujours aux entreprises de faire voyager leurs membres à bord de jets privés pour une fraction du coût réel. Enfin, et surtout, il ne fait rien pour améliorer l’application négligeable des règles déjà en vigueur, malgré les efforts des sénateurs Barack Obama (D-IL), Joseph Lieberman (D-CT), Russell Feingold (D-WI) et Susan Collins (R-ME).
« Nous espérions que le Congrès ferait davantage, mais ce n’est pas fini », a déclaré Pingree. « Une enquête du ministère de la Justice se poursuit sur une possible corruption d’autres membres du Congrès associés à Abramoff. Si elles donnent des résultats, ces réformes approuvées aujourd’hui paraîtront en effet timides. »